Le bâtard de mauléon ii by Alexandre Dumas

Le bâtard de mauléon ii by Alexandre Dumas

Auteur:Alexandre Dumas [Dumas, Alexandre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: - Divers
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


XV

Les bohémiens.

Ce que nos voyageurs contemplaient avec surprise méritait en effet l’attention que l’un et l’autre y accordaient.

Voici ce que le regard pouvait embrasser par la gerçure du roc :

D’abord, une caverne à peu près semblable à celle dans laquelle nos deux voyageurs se trouvaient ; puis, au centre de cette caverne, deux figures assises ou plutôt accroupies auprès d’un coffret posé sur une pierre plus large que lui ; à l’un des angles de cette pierre, une des deux figures essayait de faire tenir une cire allumée, laquelle, en éclairant la scène, projetait cette lumière qui avait attiré l’attention des voyageurs.

Ces deux figures étaient habillées misérablement, et encapuchonnées de ce voile épais aux couleurs incertaines qui caractérisait les bohémiennes d’alors ; elles furent donc reconnues par Agénor pour deux femmes de cette nation vagabonde ; elles étaient vieilles, à en juger par leur maintien et leurs gestes.

À deux pas d’elles, se tenait une troisième figure, debout et pensive ; mais comme la vacillante lumière de la cire n’éclairait point son visage, il était impossible de dire à quel sexe cette troisième figure appartenait.

Pendant ce temps, les deux premières figures disposaient quelques paquets de hardes en guise de sièges.

Tout cela était pauvre, misérable, déguenillé ; il n’y avait que le coffret qui jurait singulièrement avec toute cette misère, il était d’ivoire tout incrusté d’or.

Sur ces entrefaites, une quatrième figure entra, s’avançant du fond de la grotte, d’abord dans l’ombre, ensuite dans la pénombre, enfin dans la lumière.

Elle s’approcha, s’inclina vers l’une des deux femmes assises, et lui adressa quelques paroles que ni Agénor ni Musaron ne purent entendre.

La bohémienne assise écouta avec attention, puis congédia du geste le nouveau venu.

Agénor remarqua que ce geste était à la fois plein de noblesse et de commandement.

La figure debout suivit, après s’être inclinée, celle qui avait prononcé quelques paroles, et toutes deux disparurent dans les profondeurs de la grotte.

Alors, la femme au geste impérieux se leva à son tour, et posa son pied sur la pierre.

On voyait clairement les actions de tous ces gens, mais on ne pouvait entendre leurs paroles, qui, ainsi que nous l’avons dit, vagissaient dans la grotte en murmures confus.

Les deux femmes bohèmes étaient restées seules.

– Gageons, monseigneur, dit Musaron à voix basse, que ces deux vieilles sorcières ont trois cents ans à elles deux. Ces bohémiens vivent l’âge des corneilles.

– En effet, dit Agénor, elles ne paraissent pas jeunes.

Pendant ce temps, la seconde femme, au lieu de se lever comme la première, s’était mise à genoux, et commençait de délacer le brodequin de peau de daim qui enveloppait sa jambe jusqu’au dessus de la cheville.

– Ma foi ! dit Agénor, regarde si tu veux, moi, je me retire ; rien n’est laid comme un pied de vieille.

Musaron, plus curieux que son maître, resta, tandis que le chevalier faisait un mouvement en arrière.

– Ma foi ! monsieur, dit-il, je vous assure que celui-ci est moins affreux qu’on ne le croirait. Oh ! mais c’est que tout au contraire, il est charmant.



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